3 juillet - jour_17 - Captieux - 80 km

Cela a commencé dès le matin. Les gérants du camping me font une papote d'une demi-heure, pour une fois que je suis prêt à partir à 10 heures, petit déjeuner avalé. J'ai en effet une assez longue étape devant moi car le camping d'arrivée est à Roquefort. Mais, nous arrivons doucement dans les Landes et le relief s'aplatit, c'est donc jouable. Peu après Bazas, tout-à-coup, un chien, un molosse, un de ces chiens à poils ras, blanc aux yeux rosés, avec une mâchoire comme un étau, surgit d'une ferme devant laquelle je passais, fonce sur moi en grognant rageusement et en fixant mon mollet gauche! Je cravache Rossinante et nous donnons tout ce que nous pouvons pour essayer d'échapper au monstre, et j'imagine déjà ses crocs dans mon mollet car d'une part il gagne du terrain et d'autre part nous ne pourrons pas tenir ce rythme très longtemps. Heureusement, une voix féminine, au loin, le rappelle sèchement depuis la ferme et il ralentit puis retourne vers son antre. Sauvés!

Plus loin, un peu après Cudos, le gps nous emmène hors de l'asphalte. C'est déjà arrivé quelques fois, quand, lors de la préparation du trajet, je n'étais pas arrivé à faire un itinéraire convenable sur routes en dur. Il s'agissait alors généralement de tronçons de liaison entre deux départementales. Cela devait aussi être le cas maintenant, mais cela a vite tourné au cauchemar... Nous sommes dans la forêt des Landes et le sol n'est pas en terre ou couvert de gravier, mais sablonneux et garder le vélo en ligne devient ... sportif. De plus, nous arrivons à un "Y" où le gps nous signale "hors parcours" sur les deux voies (voir carte)! Nous aurions dû prendre entre les deux, une route inexistante. Je me consulte et, comme nous avons déjà parcouru beaucoup de chemin hors bitume, je pense qu'il vaut mieux poursuivre que faire demi-tour et je choisis la branche du "Y" la plus plausible. Assez vite, le sentier devient de plus en plus sablonneux, au point qu'il devient impossible de rouler et je descends et pousse le vélo. Cela devient très très dur, un peu comme pousser un vélo dans les dunes.. Que faire? Le gps indique qu'il y a une route à quelque 300 mètres à vol d'oiseau en face de nous. Retourner nous demanderais beaucoup plus d'effort, nous nous dirigeons donc vers la route, en prenant la piste la plus plausible à chaque croisement - et il y a plusieurs, que le gps n'indique plus depuis longtemps. Pour l'appareil, nous sommes dans une surface non cartographiée! Finalement, j'aperçois au loin du trafic, des voitures! de la civilisation! Après encore plusieurs minutes d'effort, nous arrivons ... à une autoroute, dont nous sommes séparés par une haute clôture, destinée je suppose, à éviter que le gibier ne traverse. Je ne transcrirai pas ici ce que Rossinante m'a fait entendre à propos du scrogneugneu, du bachi-bouzouk qui a dessiné le parcours! J'étais exténué et en nage. C'était un de ces moments où l'on n'a plus envie de rien faire que de s'asseoir et attendre.

Faire demi-tour. La seule option raisonnable. Il ne passera personne ici avant des jours peut-être. En route ma vieille Rossinante. Oublions déjà Roquefort, il faudra en tout cas trouver un autre point de chute ce soir si et quand nous sortirons d'ici! Je mets donc le cap sur le point de ma trace sûre qui, toujours à vol d'oiseau me paraît le plus proche et enfin, après des tours et des détours nous arrivons sur une route en +/- dur qui nous ramène vers l'itinéraire. Il vaut la peine de zoomer la carte pour voir le tour que nous avons effectué. Je consulte le topoguide. Il y a un camp de cabanes dans les arbres où l'on pourrait planter la tente. Ce serait même un ***. Allez, cela ne se terminera quand même pas trop mal. Sauf que... sauf qu'il y a longtemps que ce camp a vu une tente: "allez voir, et si vous trouvez un endroit, vous pouvez rester. C'est 12 euros!". Après avoir calculé qu'il me faudrait encore rouler deux heures pour atteindre Roquefort, je conclus que je n'en aurais pas la force et j'ai donc planté la tente en pleine forêt, après avoir écrasé un certain nombre de fougères et déblayé un espace suffisant des branches qui jonchaient le sol. La mégère s'est radoucie quand je lui ai dit que je restais. Le tarif est descendu à 10 eur, la douche était bien chaude et j'ai finalement passé une bonne nuit...

5 commentaires:

  1. Quel cauchemar dis!! Quel courage et quelle bonne gestion des émotions t'as du avoir pour ne pas tout envoyer valdinguer!! En effet sur la photo, on voit bien le méga détour!!
    Tu ne t'es pas laissé tenter par une petite cabane dans les arbres en évitant ainsi un montage et un démontage de tente?!
    Tiens sur la carte on voit aussi un détour du côté de Captieux non?
    Ju

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    1. Oui, mais l'état général du site et le tarif d'env. 60 EUR pour la nuit m'ont dissuadé...

      Bien vu. En effet, le camping à Captieux se trouve un peu à l'écart du Chemin. C'est un aller-retour au dortoir, quoi... ;)

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  2. courage courage tu avances !!! ;-)

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